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Jours 178-179: Ceux qui racontent leur odyssée en PapyVan – Episode 6

Carnarvon, Australie.

Jour 178: dimanche 28 avril 2019

Réveil sur une superbe aire d’autoroute envahie par les mouches et le papier toilette flottant au vent… Aujourd’hui, on a décrété qu’on faisait une journée « off », surtout pour avancer le blog, car le retard s’accumule malgré notre connexion internet. 😉 On va quand même aussi continuer un bout de route vers le nord !

Petit-déjeuner dans la fournaise du van (on ne peut pas ouvrir les portes sinon c’est l’invasion de chiant’flies et ça devient impossible de manger ou faire quoi que ce soit sans risquer la crise de nerfs), puis Chris prend le volant pour les 200 kilomètres qui nous séparent de Carnarvon.

Une longue route quasiment sans virage, une bonne dizaine de cadavres de kangourous, des millions de mouches et quelques road trains plus tard, nous voilà arrivés dans cette petite ville au bord de l’océan, mais surtout au milieu de nulle part. Tous les voyageurs s’y arrêtent, non pas parce qu’elle est particulièrement jolie où qu’il y ait quelque chose à visiter, mais parce qu’il y a… un supermarché ! Un vrai !!!! Il faut savoir que depuis que l’on a quitté Perth, soit quasiment 1’000 kilomètres, il n’y a eu qu’un seul autre endroit (Geraldton) où l’on a pu faire nos courses dans un vrai supermarché qui ne soit pas une supérette hors de prix…

On fait donc le plein du frigo et des placards. Plus rien ne peut rentrer ! Ce n’est pas évident de faire les courses quand on est en van sur la côte ouest : outre l’absence quasi-totale de supermarchés, il faut gérer la chaleur et la réfrigération des aliments selon les distances entre nos différentes étapes. Le frigo est en effet l’élément qui consomme le plus d’énergie et qui risque de vider la batterie domestique de PapyVan lorsqu’on n’est pas en route, nous forçant à dépenser de l’argent pour passer une nuit sur un emplacement avec électricité… Tout est question d’équilibre. 😉

En passant dans l’entrée du centre commercial, on voit 2 personnes assises sur un banc, ordi sur les genoux, et on se dit que c’est une très bonne idée. L’endroit est climatisé, il y a un wi-fi illimité, et quasiment pas de mouches. Que demander de plus ?

Et c’est ainsi que l’on fait la connaissance de Mathieu et Coralie qui, assis dos à dos avec nous sur ce banc, nous demandent si l’on cherche aussi du travail en entendant que l’on parle français. Ils viennent de Bourgogne, en France, et sont en Australie pour une année avec le permis « vacances-travail » ! Ce fameux PVT qu’ont la plupart des voyageurs européens que l’on rencontre… Des Français, des Belges, des Allemands, des Italiens, tous peuvent le demander, sauf les Suisses ! On discute un bon moment avec Mathieu et Coralie, puis eux s’en vont au bord de la baie tandis que l’on continue à geeker un moment.

Lorsque notre ventre nous rappelle qu’il est largement passé midi, on reprend le van et on trouve un endroit à l’ombre le long de la baie, sans trop de mouches, l’endroit parfait pour un pique-nique. Juste à côté de nous en train de plier leurs chaises pour s’en aller, un couple suisse, Marco et Cynthia, reconnus à leur accent prononcé de la Chaux-de-Fonds ! Et voilà qu’ils nous disent qu’ils sont en Australie avec le fameux PVT… Mais, mais, mais ??? Vous êtes Suisses, comment est-ce possible ?? Ils ont simplement la double-nationalité suisse-italienne, et ce passeport européen leur a permis d’obtenir le PVT, malgré leur domicile en Suisse… Intéressant… Je sens que mes passeports français et belge pourraient soudain devenir très utiles !!!

A bon entendeur : la détention d’un passeport anglais permet aussi la demande du PVT… 😉

Malgré la jolie vue sur la baie, on se sent un peu mal à l’aise quand on voit les groupes d’Aborigènes installés dans l’herbe, un peu partout le long de l’océan. C’est le premier endroit où l’on en croise beaucoup, et c’est un peu comme une vision d’un autre monde, mais ça ne fait pas vraiment rêver… Ils sont là, désœuvrés, la plupart ivres, à aborder les gens pour quémander des cigarettes. L’Australie nous montre ici un autre visage, et ce n’est pas très glorieux ! On ressent très fortement la catastrophe que l’invasion européenne a été (et est encore) pour les Aborigènes : leurs terres sont envahies, leur culture est détruite, et le moyen actuel mis en place par le gouvernement pour « s’excuser » de ce qui est maintenant reconnu comme un génocide est de verser des mensualités aux tribus locales ; un argent qui est forcément très mal dépensé, et qui pousse encore plus loin le décalage entre les modes de vie ancestraux et occidentaux… L’histoire de la colonisation de ce pays est tellement récente qu’elle se déroule encore là sous nos yeux et on ne sait pas trop où se mettre ! 

On est en train de dévorer nos fajitas lorsque Mathieu et Coralie repassent par là. Chris a la bonne idée de leur proposer de partager la pastèque que l’on vient d’acheter, et au final, on passe tout l’après-midi posés dans l’herbe à discuter avec eux ! Au fil de la discussion, on se rend même compte que l’on a dormi côte à côte sur l’aire de repos gratuite vers Jurien Bay… Qui a dit que l’Australie était un grand pays ? 😉

La lumière devient de plus en plus orangée à mesure que le soleil descend vers l’horizon, quand soudain on entend une voix qui demande en français : « Est-ce que quelqu’un s’y connait en moteur ? »… C’est Valentin et Mélissandre, rencontrés vers Cervantes et revus à Monkey Mia hier matin !

Les pauvres ont probablement une fuite d’huile et ont eu la chance d’arriver jusqu’à Carnarvon pour pouvoir trouver un garagiste… En attendant, Mathieu s’y connait un peu en moteur donc ils se mettent à inspecter tout ça pendant qu’on discute « mécanique » avec Mélissandre. Ces deux-là sont jeunes conducteurs et font tout au culot depuis qu’ils sont arrivés en Australie… Ils sont à mourir de rire et racontent leurs péripéties ; on passe une super soirée tous ensemble ! Mal aux abdos 🙂

On a tellement discuté qu’il fait nuit noire lorsqu’on repart. Valentin et Mélissandre sont forcés de rester ici en attendant l’ouverture des garages demain matin, Mathieu et Coralie vont dormir dans un camping payant pour profiter d’une douche (les douches publiques de la ville sont à sec)… Quant à nous, on reprend un bout de route pour dormir dans le premier camping gratuit au nord de Carnarvon, sur la route pour notre prochaine étape. Comme journée « avancement du blog », y’a mieux, mais on ne regrette pas car c’est trop chouette de passer du temps avec de belles personnes !

Encore une fois, la Voie Lactée est au rendez-vous et on soupe sous les millions d’étoiles… Le moment de répit, au frais du début de nuit, et sans les mouches qui heureusement se calment dès qu’il fait noir, est plus que bienvenu !

Quobba, Australie.

Jour 179: lundi 29 avril 2019

Voilà qu’au réveil, le ciel contient quelque chose que nous n’avons pas vu depuis un bon moment : des nuages ! Mais soyons rassurés, il fait quand même déjà 27°C à 8h du mat’… 😉 On déjeune vite fait avant que l’assaut des mouches soit trop puissant, puis on prend le volant direction Quobba.

Une petite heure plus tard, nous voilà arrivés sur un paysage lunaire et côtier en même temps. La roche ressemble à de la lave séchée, même si l’endroit n’est pas du tout volcanique : c’est l’érosion par l’eau salée qui creuse la roche et la fait ressembler à une éponge durcie… Mais nous ne sommes pas venus ici pour la roche, même si c’est loin d’être moche ! (Quelle rime) Ce qui nous attire dans la région, ce sont les fameux Blowholes, des trous dans la roche plate en contrebas de la falaise sur laquelle on se trouve. Ce ne sont pas des grosses « piscines » où l’eau ricoche contre les parois en créant de grosses gerbes d’eau comme on a pu le voir en Tasmanie, mais plutôt de petits trous dans le plateau de roche : la vague s’engouffre dans les trous depuis le dessous, et surgit en forme de geysers qui montent jusqu’à une bonne dizaine de mètres.

Même s’il reste plus haut, le jet d’eau de Genève peut aller se rhabiller : le phénomène naturel des Blowholes de Quobba que nous avons sous les yeux est d’une telle puissance qu’il nous laisse complètement ébahis. Les grondements de l’eau, la hauteur du jet et la force avec laquelle l’eau surgit du trou est simplement phénoménale. On est soufflés, c’est le cas de le dire !!!!

C’est avec beaucoup de peine que l’on détourne les yeux de ce spectacle permanent après avoir dit une bonne vingtaine de fois « Attends, encore juste une vague ! ». On retourne vers PapyVan sur le parking et c’est là qu’on réalise un truc de dingue : mais attends… s’il n’y a pas de mouches… ça veut dire qu’on peut manger et cuisiner avec la porte du van ouverte ?!?!?? Adjugé, on reste sur le parking des Blowholes pendant 2 bonnes heures. Pique-nique, cuisson des pommes de terre, préparation de deux salades pour des futurs repas, écriture d’un article de blog, nettoyage complet de PapyVan… Tout y passe. Un moment de répit pareil en pleine journée, faut pas le louper !!!

Au final, il est 14h30 lorsqu’on reprend la route en sens inverse. Quobba est une impasse, et l’on est obligés de retrouver l’autoroute du nord-ouest pour monter jusqu’à Coral Bay !

On avait prévu de dormir sur le dernier camping gratuit peu avant Coral Bay et d’arriver demain matin dans le village, mais il n’est que 15h30 lorsqu’on atteint cette aire de repos. Une fournaise monumentale malgré les nuages, des toilettes malodorantes et 2 tonnes de mouches par mètre cube. Finalement, on décide d’atteindre Coral Bay et de dormir une nuit supplémentaire en camping payant. 😉

Chris reprend le volant, et voilà que quelques kilomètres plus tard, on fait presque un freinage d’urgence pour ne pas louper un panneau en bord de route. Pourquoi photographier un panneau me direz-vous ? Mais parce que ce n’est pas n’importe quel panneau voyons :

Hihi, nous voilà officiellement sous les tropiques !! Notez que ce panneau n’a malheureusement pas le super-pouvoir de stopper les mouches, pour qui le passage d’une latitude un peu spéciale ne fait ni chaud ni froid. 😉

40 kilomètres de plus, et nous arrivons dans le mini-village de Coral Bay, situé juste à côté d’une véritable plage paradisiaque. Eaux turquoises et sable blanc… Le village compte 150 habitants et 2 énormes campings. On paie 2 nuits sans électricité (les prix sont déjà assez élevés comme ça), et on s’installe sur notre emplacement. Quasiment pas de mouches… Le paradis je vous dis ! 😉

Vite vite vite avant que les agences ne ferment (tôt ici : 17h30 !), on scanne rapidement TripAdvisor et on se décide pour l’agence Ningaloo Marine Interactions. Voilà, réservation faite pour la sortie en mer de demain… On se pose ensuite sur le sable pour un coucher de soleil mémorable, avant de rejoindre le camping. Une bonne douche fraîche et un souper plus tard, on s’endort sous les étoiles… Que la vie est douce !

 

Odyssée en PapyVan – Episode 6 – L’itinéraire de l’étape (649 km) :

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