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Jour 172: Ceux qui racontent leur odyssée en PapyVan – Episode 2

Jurien Bay, Australie.

Jour 172: lundi 22 avril 2019

Dans la tête de Chris…

… Dans la tête de Camille

J’ouvre les yeux, aucune idée de l’heure qu’il est. Le réveil doit sonner tantôt, à 6h35, mais je suis tellement surexcité que l’envie de me lever est trop forte. C’est sûr, cette journée sera différente des autres ! Je vois que Camille ouvre les yeux et en profite pour la serrer contre moi.

Heuuuuuuuuuuuuuuu mais l’excitation au réveil !!! Il a beau être 6h30, Chris me serre dans ses bras et on a les yeux bien ouverts. On saute comme des puces : c’est un grand jour !!!

Nous nous levons tous les deux et nous habillons sans prendre de petit-déjeuner. Je prends le volant pour retourner en direction de Jurien Bay, c’est le lieu idéal pour vivre un tel rêve !

Nous nous sommes parqués à une dizaine de mètres du point de rendez-vous. Il faut prendre des forces, mais pas trop non plus pour éviter d’avoir l’estomac ballonné. Deux tartines à la confiture, un peu de muesli avec le yoghourt et du jus d’orange, ça fera l’affaire comme petit-déj’. Nous déjeunons en silence, Camille dans ses pensées et moi dans les miennes…

Trop hâte de la suite : je ne profite même pas de mes tartines à la confiture tellement je me réjouis de l’évènement de la journée… On se regarde avec Chris, et pas besoin de parler ; on sait tous les deux qu’on attend ce moment depuis déjà plusieurs jours !

L’excitation monte petit à petit. Je crains d’avoir un peu trop froid, alors je mets mon pantalon de trek, deux t-shirts techniques ainsi que ma polaire. Il est temps d’y aller, nous marchons d’un pas sûr vers l’agence qui nous emmènera au 7e ciel…

A 8h pile poil, nous sommes au point de rendez-vous, à l’agence Skydive Jurien Bay. On remplit une déclaration comme quoi la compagnie n’est pas responsable si on meurt, puis on a droit à une petite vidéo d’explications quant à l’habillement adéquat, le déroulement de ce qui va suivre, et la position à adopter. Puis on attend… Ayant les 2 déjà fait un saut en parachute, on sait plus ou moins ce qui nous attend, et on a le sourire d’une oreille à l’autre !

Camille est rapidement appelée par un autre membre du staff. Quant à moi, j’attends patiemment mais l’adrénaline commence à se sentir…

On appelle mon nom, et je rencontre mon tandem, Raphi. Rien qu’à la façon dont il me dit « hello », je remarque qu’il est Français ! Il me dit « Je suis Français et Parisien, désolé j’ai vraiment rien pour moi », et on se marre. 🙂 On papote un peu pendant qu’il m’installe le harnais et règle toutes les sangles. Il a quitté la France il y a 6-7 ans pour faire son métier de parachutiste un peu partout dans le monde jusqu’à l’Australie de l’Ouest, où il est arrivé il y a une semaine. Même s’il est encore « jeune » dans le métier, il a déjà plus de 6’000 sauts à son actif… Passionné par son métier et profitant que je parle français, il n’arrête pas de m’expliquer plein de trucs, c’est trop cool ! Je vois que Chris patiente toujours dans la salle d’accueil ; son tandem doit encore être en train de sauter 😉

Voilà que mon prénom est appelé. Je fais la connaissance de mon tandem Robin ainsi que de notre caméraman. Ils se présentent et me demandent d’enfiler le harnais. Un peu de patience encore, j’attends…

Pendant que Chris se fait harnacher en bonne et due forme (y’a intérêt !), Raphi m’amène dans le hangar choisir ma voile. Ici, les voiles sont en images de drapeaux, et comme le Suisse n’existe pas, je choisis le drapeau belge ! La voile française est surnommée « merde » alors je préfère éviter ce drapeau. 😉

Camille me présente son tandem, Raphi, français d’origine. Quelques échanges avec lui également, puis on nous demande de prendre place dans le minibus qui nous déposera à l’aéroport… Tic tac tic tac, le compte à rebours commence. Dans une vingtaine de minutes, nous serons en train de décoller pour voler vers l’infini et l’au-delà. J’ai trop hâte !!!

Ça y est, le trajet était rapide… Nous voilà sur le tarmac de l’aéroport avec l’avion prêt à nous embarquer. Youhou ! Quelques photos avec Camille juste avant de monter dans l’avion et nous voilà séparés de quelques mètres. Je suis assis devant mon tandem, et Camille est sur l’autre banc, côte à côte avec nous, assise elle aussi devant son tandem. Nos deux caméramans sont assis sur le plancher de l’avion, entre les deux bancs !

Tout le monde s’entasse à califourchon sur les bancs, dos au pilote. Je suis assise en avant-dernière position, Raphi derrière moi, ce qui signifie que l’on sera les derniers à sauter… On est serrés comme des sardines ! L’ambiance est vraiment sympa. Les instructeurs sont très professionnels, mais détendus et pas « prise de tête » ; on est directement mis en confiance ! C’est fou de se dire que pour certains, sauter d’un avion en vol 20 fois par jour, c’est leur métier… Mon caméraman a 22’000 sauts à son actif !!!!

L’avion décolle, nous sommes une quinzaine de personnes à sauter aujourd’hui. Nous quittons la terre ferme pour nous envoler au-dessus de Jurien Bay. Les paysages vus depuis le hublot sont déjà beaux à ce stade… L’avion commence à atteindre sa vitesse de croisière et monter en altitude. Ça discute et ça rigole parmi les pros, je dois avouer que l’excitation me freine un peu même si j’ai hâte de sauter ! Nous voyons passer une feuille de route destinée à tous les tandems, elle indique la direction des vents selon l’altitude.

Tous les parachutistes ont des altimètres au poignet et on voit l’altitude qui monte de plus en plus : Raphi me le montre à intervalles réguliers. On est déjà à 1.5 km, l’altitude à laquelle on ouvrira le parachute. S’il ne s’ouvre pas, on a un deuxième parachute de secours. Et s’il y a un problème et qu’aucun des deux premiers parachutes ne s’est ouvert, le sac à dos est équipé d’un mini-ordinateur qui enregistre l’altitude et ouvre automatiquement un troisième parachute à 1’000 mètres. Easy !

L’excitation monte, Camille et moi avons un grand sourire et les yeux qui brillent. On a beau être en confiance, on a le cœur qui bat quand même sacrément vite !

Raphi me demande si je peux faire un chignon avec mes cheveux plutôt qu’une simple queue de cheval. Ça lui est déjà arrivé d’oublier de demander et de se faire fouetter par les cheveux des filles avec lesquelles il a sauté ! A 200 km/h, il parait que ça fait mal… 😉

Voilà, nous entendons un premier « bip ». Ce qui signifie que les tandems doivent se cliper les uns aux autres. Nous sommes à quelques minutes du saut…

Je me sens clipée à Raphi, puis il serre à fond les sangles que j’ai autour des cuisses, des hanches et des épaules. A part les bras et les jambes, je ne peux plus rien bouger. Là, même si je me réjouis à fond, je n’en mène pas large les quelques minutes avant de sauter !!

Et voilà que tout à coup, ça sent vraiment mauvais dans la cabine. Non, nous ne traversons pas une couche de soufre de l’atmosphère : c’est simplement l’un des parachutistes qui a lâché une caisse ! Ben voyons, c’était pile le bon moment… 😉

Deuxième « bip », cette fois tout le monde doit être prêt à sauter. Les portes peuvent s’ouvrir à tout moment. A côté de la porte, il y a une sorte de feu de signalisation rouge-orange-vert et chaque parachutiste devra attendre que le feu soit au vert pour sauter !

Le voyant orange s’allume et quelqu’un ouvre la porte. Puis c’est au tour du voyant vert de s’allumer et les parachutistes commencent à disparaître les uns après les autres ! Youhouuuuuuuu !!!!! (Enfin, ça c’est à l’intérieur, parce que vu de l’extérieur, je pense que mon visage exprime plutôt quelque chose du genre « Mais p**** qu’est-ce que je fous là !!! »)

Nous sommes à 14’000 pieds (4’500 mètres), la porte est ouverte et le vent s’engouffre dans la cabine. J’ai froid mais ça ne m’empêche pas de me réjouir ! Les gens disparaissent dans le ciel les uns après les autres. Je vois Camille s’avancer, ou plutôt son tandem la pousser pour qu’ils puissent s’asseoir au bord de la porte. Je la vois une dernière fois, un bisou vite fait, elle disparaît…

Juste le temps de se faire un petit bisou avec Chris, puis je sens Raphi qui me pousse vers la porte. Je ne contrôle rien, c’est lui qui fait tout. Mon rôle, c’est juste de garder la tête en arrière, bassin en avant (position « banane » pour mieux gérer la portance de l’air), et les mains sur le harnais pour ne pas gêner Raphi au début de la chute. J’aperçois à peine mon caméraman qui s’encastre dans l’ouverture avec nous. « Ready, set, gooooooo » Raphi me pousse en avant et ça y est…

A mon tour : à peine le temps de réaliser que Camille vole déjà, que moi-même j’ai les pieds en l’air. Je lève la tête pour regarder à l’horizon et m’accroche à mon harnais. Robin me pousse en avant…

WOoOooooOOOOooOoOW !!!!!!!!!

Un truc de dingue. Indescriptible. Monumental. Gigantesque. Magique. ENORME !!!!!!! Je ne sais pas si je crie et n’entends rien à cause du vent qui hurle dans mes oreilles, ou si j’ai juste la bouche ouverte sans réussir à émettre de son. Aucune idée. On fonce vers le sol à plus de 200 km/h mais je ne le vois pas se rapprocher ; je profite juste un maximum de cette sensation incroyable, et de la plus belle vue que j’ai jamais eue sur l’océan et la plage…

Trop fou, je suis en pleine chute libre !!! Le vent déforme certainement mon visage, mais je m’en fiche, l’excitation est à son apothéose… Je suis tellement bien, cette sensation de voler est unique ! Il n’y a pas de mots assez forts pour décrire ça… La vue que l’on peut admirer pendant la minute de chute libre est toute aussi époustouflante. Je peux apercevoir la mer turquoise, ainsi que la plage de Jurien Bay qui la longe ; c’est hallucinant !

J’ai un énorme sourire pendant toute la descente, qui ne se voit probablement pas bien sur les photos à cause de l’air qui me défigure les joues et les lunettes qui me défoncent les yeux. Mais c’est trop génial !!! On a sauté à 4’500 mètres d’altitude, ce qui garantit 60 secondes de chute libre. Ça passe très vite et très lentement en même temps…

Bam ! Robin ouvre son parachute : voilà que je m’accroche à lui et la descente ralentit. Je peux encore mieux admirer le panorama. De là-haut, j’ai l’impression de voir un village construit avec des legos tellement tout est petit ! Avec mon tandem, on fait quelques tours dans le ciel, puis nous commençons la descente.

J’aperçois la main de Raphi faire un mouvement de côté (noooon pas déjà la fin !!) et je sens soudain que l’on tire sur le harnais, comme si l’on remontait d’un coup. Parachute ouvert ! Je déglutis plusieurs fois pour déboucher mes oreilles et entend Raphi crier « wouhouuuuu, super saut !! » Je crois que la première chose que je lui ai dite, c’est « On peut remonter ??? »

J’aperçois le staff sur la plage de sable blanc. C’est là que nous allons atterrir. Encore quelques tours pour se placer dans l’axe d’arrivée, puis je surélève mes pieds afin de glisser sur le sable lors de l’atterrissage.

Avec mon tandem et caméraman, on se serre les mains. J’ai le sourire qui fait le tour de ma tête, tellement j’ai adoré et aussi une grosse envie de recommencer… 🙂 Je me pousse un peu sur le côté et c’est à ce moment-là que j’aperçois Camille avec son tandem en train d’entamer l’atterrissage.

Un p’tit tour à droite, un p’tit tour à gauche, on admire encore un peu le paysage, puis on met le cap sur la plage pour atterrir les pieds dans le sable. Je lève les jambes le plus haut possible à l’approche du sol… et atterris gracieusement (ou pas) assise sur la plage. On se précipite sur nous pour nous aider à nous relever, puis on dégage rapidement pour donner de l’espace au prochain tandem qui atterrit derrière nous.

Nous voilà ensemble à nouveau, tout sourire, en train de remercier le staff pour cette expérience incroyable. Comme on dit, jamais deux sans trois…

Sensationnelle !!!!!! Mille MERCIS à mes collègues pour le meilleur cadeau de défense de thèse que l’on puisse recevoir 🙂 🙂 🙂

A peine le temps de discuter avec nos tandems, que déjà ils repartent en direction de l’aéroport. D’autres sauts les attendent ! Avec nos caméraman respectifs, Camille et moi retournons en minibus à l’agence pour se changer. L’expérience n’aura duré que quelques minutes mais c’est un moment que nous ne sommes pas prêts d’oublier et nous fêterons cela avec une bouteille ce soir dans notre camping !

On récupère nos sacs et nos « diplômes de saut », et voilà : il est 9h30 du mat’ et on a déjà l’impression d’avoir vécu une journée complète tellement c’était fort en émotions !

 

Direction le campervan pour se mettre à l’aise. Au final, nous n’avons même pas le temps de réaliser s’il fait trop froid en altitude… Mon tandem était en short et pieds-nus. Il fait tellement chaud au niveau de la mer que je remets mon short ! 😉

Avec Camille, on partage notre expérience en se posant dans un café. Nous en profitons pour recharger nos appareils. En face du café, la librairie propose un wi-fi et nous voulons absolument terminer la rédaction des articles sur le blog.

Il est à peine 11h lorsque nous reprenons la route vers le nord, et nous nous arrêtons après une bonne heure de route pour pique-niquer sur une aire de repos. Nous poursuivons ensuite jusqu’à Port Denison pour remplir le réservoir d’eau de PapyVan, puis nouvel arrêt à Geraldton où nous faisons les courses. Fallait pas le louper celui-là : le prochain supermarché est à 465 km…

Le soleil commence à se coucher et la lumière est belle… Nous nous remettons quand même en route, car nous devons encore atteindre notre campement de ce soir qui se trouve en bord de mer. Après s’être engouffrés dans un chemin de terre sans issue à contresens (ben bravo), il s’avère que notre campement de ce soir ne permet pas le camping pour les campervans avec toilettes. Camille vous a certainement déjà expliqué la différence entre « non-self contained NSC » et « self contained SC », et on n’a pas envie de prendre le risque de l’amende !

Tant pis, il faut se rabattre sur un autre site pour cette nuit. Selon notre application WikiCamps, le site en question se trouve aux abords d’un terrain de golf. Rouler pendant la nuit c’est risqué, d’autant plus que nous entrons sur un chemin en graviers où on ne voit absolument rien, mais on n’a pas trop le choix. Heureusement, nous voyons d’autres campervans sur le site, ce qui nous permet de trouver plus facilement notre chemin.

La nuit est tombée depuis quelques heures maintenant. Nous venons de rouler 250 kilomètres pour finalement trouver ce site !

Posés sur le canapé de PapyVan, une bouteille de vin rouge est dévissée (eh oui, la bouteille choisie n’a pas de bouchon en liège). L’excitation de ce matin est encore présente, nous ne réalisons toujours pas que nous avons sauté en parachute. Nous avons envie de fêter cet événement rare, car il marque un tournant dans notre voyage, d’autant plus qu’il se produit plus ou moins à la moitié de notre périple !

Nous ne sommes jamais vraiment prêts à vivre de tels moments, mais une fois ceux-ci passés, l’envie de recommencer est forte… Je me réjouis de partager cette journée avec notre entourage, qu’ils lisent enfin l’intégralité de cet article. 🙂 Pour l’instant, nous ouvrons cette bouteille de vin et trinquons à ce jour si spécial… Que d’émotions aujourd’hui, nous allons nous coucher tôt pour repenser à cette journée inoubliable !

 

Odyssée en PapyVan, Episode 2 – L’itinéraire de cette étape (250 km) :

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