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Jours 109-110: Ceux qui se baladent dans une fresque colorée

Valparaiso, Chili.

Jour 109 : lundi 18 février 2019

Ce matin, on part en direction de Valparaiso, notre dernière étape chilienne et sud-américaine avant le grand départ en Océanie ! On prend le petit-déj’ dans la salle commune de l’Ecohostel, et on fait le check-out vers 9h30.

Passage rapide à la banque car le Chili dévalise nos porte-monnaies, puis on prend le métro jusqu’au terminal de bus de Los Pajaritos. On pensait retourner à Alameda, le terminal où on est arrivés vendredi, mais sur conseil de la gérante de notre auberge, on a décidé de partir depuis Los Pajaritos, plus petit et beaucoup moins peuplé !

On achète nos billets pour Valparaiso, puis on attend sur le quai. La moitié des bus ont du retard à cause du trafic de Santiago, mais le terminal est super bien organisé : les bus défilent les uns après les autres comme dans une gare suisse… 😉 Le nôtre a 20 minutes de retard ; on quitte Santiago à 10h45 ! Une heure et demi de route vers Valparaiso, le trajet le plus court de notre voyage en Amérique du Sud : on a peine le temps d’avancer un peu le blog hors-ligne qu’on est déjà arrivés dans cette ville portuaire artiste et colorée de la côte pacifique !

Pour économiser quelques sous, on se rend à notre auberge à pied. On traverse les quartiers portuaires et industriels franchement moches de cette ville animée… On est logés en haut d’une petite ruelle pleine de cafés et de bars, à la Casa Verde Limon. Coup de foudre pour ce magnifique bâtiment complètement coloré aux demi-étages, petits couloirs, hauts plafonds et plancher qui craque… Assez insolite : il y a même un trapèze dans la pièce commune !

Nos lits ne sont pas encore prêts ; on met nos sacs en consigne après avoir sorti le linge sale, qu’on apporte à une blanchisserie du centre ville. Il nous fallait absolument une grosse lessive avant la Nouvelle-Zélande, car on n’a plus rien à se mettre !

Habits déposés, on revient dans le quartier de notre auberge pour prendre le funiculaire Reina Victoria vers le Cerro Alegre. A Valparaiso, la ville aux 42 collines, rien n’est plat ! Mon dieu, jamais vu un funiculaire aussi raide… A quelques degrés près, c’est un ascenseur… La montée dure 30 secondes, et on arrive en haut sains et saufs. Pause pique-nique avant d’entamer la visite des ruelles, car on crève de faim.

C’est parti, on s’aventure dans les petites ruelles tortueuses des Cerros Alegre et Concepcion ! Ces 2 collines sont les principales collines touristiques où se trouve la majorité du street art, pourtant répandu dans toute la ville… Les maisons sont pour la plupart recouvertes d’une sorte de fine taule ondulée, complètement peintes, de haut en bas, et recouvertes de graffitis. C’est génial !!!

On apprendra demain la provenance de cette taule et l’origine de toutes ces couleurs dans la ville, mais ça vaut le coup de mentionner la petite histoire maintenant… Valparaiso à longtemps été (et est toujours) l’un des ports commerciaux les plus importants d’Amérique du Sud. Pour y arriver, les bateaux européens devaient passer par le Détroit de Magellan, au sud du continent, en arrivant depuis l’Atlantique. Or, ce détroit est mouvementé et les marins embarquaient de grandes quantités de taule et de pots de peinture, car ce sont des éléments bons marché et lourds, qui servaient donc à stabiliser le navire pendant la traversée ! Ils abandonnaient ensuite tout ce chargement à Valparaiso, car ils espéraient que l’or récolté sur le continent remplacerait ce matériel pour caler leur bateaux lors du chemin de retour vers l’Europe. Les habitants de Valparaiso se sont donc retrouvés avec de grandes quantités de taule et de peinture. Or, à ce moment là dans la ville, toutes les maisons étaient quasi identiques, car faites d’un mélange de foin et de terre, avec de grosses poutres en bois selon le modèle antisismique de l’époque. En plus de cela, les rues n’avaient pas de nom, et les maisons pas de numéro ! La méga galère pour retrouver sa maison : la ville avait également de gros problèmes avec les marins ivres morts qui toquaient à toutes les portes en confondant les maisons avec les bordels de prostituées… Les habitants ont donc utilisé cette réserve de taule et peinture apportée par les marins européens pour recouvrir leur maison de couleur et la distinguer des autres ! La couleur aidant, les artistes ont petit à petit commencé à affluer à Valparaiso, et le côté artistique de la ville est né… Intéressant, non ? 🙂

Ces murs colorés peuvent naître selon plusieurs approches, selon si l’artiste souhaite le faire de manière plus ou moins officielle. Il peut frapper à la porte du propriétaire de la maison sur laquelle il a jeté son dévolu, et lui proposer un projet. Le propriétaire décide alors de payer le projet, demande à l’artiste de payer lui-même, ou propose un arrangement financier. Il peut même organiser une sorte de vente aux enchères avec les voisins : celui à qui le projet plaît le plus se chargera de payer l’artiste ! Autre possibilité : l’artiste propose un projet d’envergure à la municipalité, qui décide ou non de le financer. Récemment, les camions-poubelles de la ville ont été peints selon ce mode de financement ! Enfin, derniers recours : attendre qu’il face nuit… et peindre dans l’anonymat. Au petit matin, le mur est orné d’une nouvelle fresque, et généralement, plus c’est coloré, plus ça plaît aux habitants ! 🙂

Même après 2 bonnes heures de déambulation dans les petites rues des 2 collines principales, on est loin d’avoir fait le tour de toutes les fresques. Peu importe, on a rendez-vous dans un café du Cerro Concepcion avec Adam et Enda, les 2 Irlandais rencontrés à Mendoza ! Eux quittent la ville ce soir, et c’était l’occasion de partager une bière et un très chouette moment avant qu’ils partent… 🙂

Il est déjà 17h lorsqu’on se sépare. Adam et Enda retournent à leur auberge chercher leurs sacs, tandis qu’on continue notre visite… Poétiques, historiques, psychédéliques, bohèmes, humoristiques, décalés, rock’n’roll… Y’en a pour tous les goûts et on ne sait plus où donner de la tête !! Cette ville est véritablement unique… D’ailleurs, ces 2 collines ainsi que les trolleybus et les funiculaires, sont inscrits au patrimoine culturel mondial de l’UNESCO : fantastique, vraiment !

Après une belle petite trotte dans les différents passages, montées, descentes, couloirs, escaliers, ruelles (…), on fait 2-3 petites courses pour le souper, passage à la blanchisserie pour récupérer notre lessive, puis on rentre à l’auberge. C’est pas tout, mais on a du pain sur la planche : il nous faut faire nos sacs sérieusement car demain soir, on s’envole vers un autre continent ! Vérification de l’état des chaussures notamment, car j’ai un souvenir de bio-contrôle ultra-strict à l’arrivée en Nouvelle-Zélande… Pour la tente, tant pis, on abandonne et on croise les doigts pour qu’elle passe. Le dortoir est minuscule et on ne peut pas vraiment occuper la moitié de la pièce commune en étalant les diverses toiles de tente !

On cuisine à l’auberge, et on discute une bonne partie de la soirée avec un couple français, Paul et Pauline (si si promis), et un couple hollandais, Anna et Jigs, qui terminent aujourd’hui leurs 5 mois de voyage : ils prennent l’avion demain et doivent absolument terminer leur bouteille de rhum ce soir ! On les aide un peu, mais c’est vraiment parce qu’on est sympa… 😉

Jour 110 : mardi 19 février 2019

Réveil avant le réveil de 7h30, ce qui nous permet de l’éteindre avant que la sonnerie ne réveille tout le dortoir ! 😉

On se douche vite fait, et on prend un café en préparant tout ce qu’on n’a pas fait hier soir (la faute au rhum et aux rencontres sympas !) : télécharger la carte de Nouvelle-Zélande, l’application qui permet de trouver les douches et campings gratuits lorsqu’on voyagera en campervan, vérification que tout est bon pour la récupération de notre garantie de loyer suisse avant que le décalage horaire soit vraiment pourri pour un téléphone vers la Suisse aux horaires de boulot… On fait le check-out, on met nos sacs en consigne auprès de la réception de l’auberge, on achète un muffin dans un café, et nous voilà au rendez-vous de 10h devant la fontaine de Posséidon pour le free walking tour de Valparaiso.

Notre guide se nomme Juanjo, et il va nous faire découvrir sa ville pendant 3 heures avec passion, humour, connaissances et bonne humeur ! On passe un moment absolument génial, où il nous explique énormément de choses sur l’histoire de Valparaiso et sa culture artistique si développée et si spéciale. 🙂

Le parcours ressemble à celui qu’on a fait hier par nous-mêmes, mais ce n’est pas grave, on a d’autant plus de temps pour écouter ses anecdotes si intéressantes ! Et puis, de toute façon, je pense qu’on peut passer 8 fois dans ces rues en découvrant toujours quelque chose de nouveau…

Moment enfantin de la matinée : on se retrouve à suivre les petites fourmis peintes sur le trottoir… Un tour de magie marketing opéré par un magasin de bonbons du Cerro Alegre, qui a trouvé un bon jeu pour les enfants des touristes, moins passionnés par le street art que leurs parents ! 😉

On en apprend également sur l’histoire du Chili grâce à une fresque qui recouvre l’entier d’un mur… De la traque des Indigènes que les colons emmenaient dans les cages de musées européens pour servir d’attraction vivante, aux différents combats et période de dictature militaire… Valparaiso est l’une des 2 seules villes du Chili à ne pas avoir de McDonalds : la communauté de végétariens, végétaliens et plus généralement des défenseurs des animaux est si présente ici que quand la ville à essayé d’en ouvrir un il y a quelques années, il a été attaqué par des jets de pierres des habitants, à 2 reprises !

Juanjo nous amène dans des petites ruelles où l’on peut observer des casas mentirosas, ces maisons qui paraissent minuscules avec seulement 1-2 étages lorsqu’on voit la façade d’entrée, mais qui en réalité sont de véritables palaces de 4-5 étages avec terrasse lorsqu’on les regarde depuis la rue en contrebas…. C’est bluffant ! L’architecture ici est un mélange d’influences anglaises, allemandes, italiennes, croates, et bien entendu espagnoles…

Le tour passe également par les différents points de vue sur le port commercial (là c’est tout de suite moins beau, mais quand même impressionnant), et on s’arrête pour écouter un musicien qui nous chante l’hymne de Valparaiso.

Vers la fin du tour, on descend des collines pour se retrouver sur la partie plane de la ville, la « vie réelle » comme l’appelle Juanjo. Il nous amène sur la place principale, où l’on voit l’imposant bâtiment de la marine, ainsi qu’un gratte-ciel très moderne en verre qui a gardé sa façade d’origine pour respecter les règles de l’UNESCO… Le tour se termine aux abords du port, sur la promenade. Juanjo nous donne des conseils pour des endroits où aller manger, et on le remercie chaleureusement !

Sous ses conseils, on va manger au Alto San André, un rooftop avec vue sur la mer. Semi gastro, mais pas du tout cher, une aberration qui nous plaît beaucoup !! On peut se faire plaisir avec entrée, plat, dessert pour moins de 15 CHF par personne… On déguste un plat ultra bon mais pas du tout typique chilien pour notre dernier repas en Amérique du Sud. 🙂

Il est 16h quand on est de retour à l’auberge. On se change , on ferme les sacs, on profite des prises pour charger encore un peu les appareils… Départ ! On descend à pied vers la petite place proche de notre auberge, puis on prend un bus de la ville qui nous amène au terminal de bus de Valparaiso, afin de prendre un bus national jusqu’au terminal de Santiago, ce qui nous permet de prendre un bus local pour l’aéroport. Trois bus plus tard, on arrive donc au terminal international de l’immense aéroport de Santiago. Il est 19h et on est largement dans les temps !

Comme les guichets pour le check-in ne sont pas encore ouverts, on s’attable à un café pour manger nos sandwiches achetés au terminal de bus… Finalement, heureusement qu’on avait de l’avance, car quand les guichets ouvrent, on y passe quasi 3 quarts d’heure : le système informatique de la compagnie Latam est trop rigide et comme nos vols pour les Fidji ne font pas partie de notre billet tour du monde Oneworld à proprement parler, pour eux c’est comme si on se volatilisait de Nouvelle-Zélande à Melbourne… Or cela pose un problème pour le visa néo-zélandais, qui requiert un moyen de sortie du pays planifié et non magique. 😉 Pauvre nana de Latam, il lui faut appeler 2 collègues, puis son chef, en renfort pour régler notre cas. Mais c’est tout bon, on finit par récupérer nos cartes d’embarquement avec la promesse que notre visa kiwi nous sera délivré. Tant mieux ! On passe la sécurité, et on se pose devant le gate 18 pour finir de charger les appareils et écrire dans le journal de bord…

23h30, embarquement ! On a la mauvaise surprise de découvrir qu’on n’est pas côte à côte…. et comme on a les deux un siège central d’un bloc de 3, les gens ne veulent pas échanger préférant rester à proximité d’une allée ou d’un hublot ! Nous qui voulions tenter de relever le défi proposé par LauraTant pis, ça attendra le prochain vol ! 🙂 Chris s’installe de son côté, tandis que je cherche un film à regarder.

On décooooooooooolle !!!!!

On a 12h30 de vol devant nous pour atteindre l’autre bout du monde… Adios l’Amérique du Sud, c’est une grande page qui se tourne !!! Un mélange de tristesse de quitter cet incroyable continent, et d’excitation quant aux nouvelles aventures qui nous attendent… Un petit pas pour l’humanité, un grand pas pour les Happy-Riders ! 😉

… Nouvelle-Zélande, nous voilà !!!!!

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