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Jour 281: Ceux qui cuisinent comme des chefs

George Town (Penang), Malaisie.

Jour 281: vendredi 9 août 2019

Tranquille ce matin… Après le petit-déjeuner pris en terrasse, on ne fait rien de particulier, à part discuter avec nos hôtes et geeker pour le blog. On en profite aussi pour effectuer le changement de chambre ; on a prolongé notre séjour d’une nuit par rapport à notre réservation initiale, mais il n’y avait plus aucune chambre standard disponible… On a donc été déplacés dans une chambre familiale, pour le prix d’une standard. Top ! Toujours pas de fenêtre, mais beaucoup plus de place pour nos sacs. 🙂

En début d’après-midi, on sort manger au restaurant indien du coin de notre rue. Etant donné ce qui va suivre aujourd’hui, on fait attention à ne pas trop manger… (mwouais, un peu loupé vu la taille de mon roti canai).

Encore un petit moment geek à l’auberge, puis on part à pied rejoindre la maison ‘My Pintu Plate’ de Khalid, pour le rendez-vous de 15h. On y rencontre Anouk, une Belge-flamande, qui partagera le cours de cuisine avec nous ! 🙂

Tout de suite, Khalid nous met à l’aise et on s’assied autour d’une table pour parler de bouffe. Il en sait un rayon sur les différentes influences de son pays, qui se reflètent entre autres sur la gastronomie… Khalid en est lui-même un bon exemple : son père est irakien, sa descendance maternelle est indonésienne, lui a grandi à Singapour, et une partie de sa famille a été déplacée en Afrique du Sud lors de la colonisation de la Malaisie. Pas mal non ?

Une grande part des Malais « de souche » est musulmane, avec au moins un ancêtre relativement proche immigré depuis l’Indonésie, majoritairement de l’île de Java. Côté culinaire, cela crée la base de la nourriture : riz ou nouilles (nasi ou mee), frites ou en soupe (goreng ou soup). Il faut ajouter à cela la grande proportion d’Indiens et de Chinois que compte le pays… Quand on parle de nourriture « fusion » en Malaisie, et particulièrement à Penang, c’est donc de fusion de type « héritage », au fil des années, dont on veut parler, et non de fusion « artistique ». En plus des cultures et gastronomies indienne et chinoise, on trouve également quelques influences thaïlandaises, en raison de la proximité de la frontière. Enfin, il ne faut pas oublier que Penang a été une colonie britannique jusque dans les années 50, ce qui a aussi apporté son lot d’influences sur la scène culinaire. Bref, un gros mélange qui a créé des plats et une cuisine unique !

Les différentes influences se voient notamment lorsqu’on observe la multitude d’épices utilisées dans la cuisine locale. Nous et notre pot de curry jaune en poudre, on n’a rien compris à la vie !! Le « curry » n’est d’ailleurs pas une épice en particulier, mais un nom générique qui signifie tout simplement « épices »… Khalid a des petits livres décrivant les ingrédients ; il nous montre, fait sentir, toucher et goûter différents produits. Curcuma, galangal, gingembre, basilic, coriandre, citronnelle, anis étoilé, cumin, graines de fenouil, clou de girofle, cardamone, feuille de Pandang… et j’en passe, il y a une liste longue comme le bras !

 

Cet après-midi / soirée, on va cuisiner (et déguster !!) les 6 plats suivants :

1) le Char Kweh Teow. C’est un peu le ‘pad thaï’ version Malaisie, avec grosse influence chinoise ! Une crevette grillée, un œuf et un mélange d’épices et de pousses de légumes variés pour la base du goût (ici, ils utilisent beaucoup les petites crevettes comme condiment plutôt que pour les manger telles quelles), un mélange savant de différentes sauces soja, des nouilles de riz plates, et le tour est joué ! Succulent…

 

2) le Nasi Lemak, littéralement ‘riz à la noix de coco’, le plat de base malais par excellence. On fait cuire du riz dans du lait de coco en ajoutant les « 4 sisters » : anis étoilé, cannelle, clou de girofle et cardamone (quand on lui a dit que chez nous, on mettait ces 4 épices dans le thé ou le vin chaud, Khalid a fait une drôle de tête !), puis de la citronnelle et des feuilles de pandang, ou ‘vanille asiatique’. Ça se mange souvent avec du poisson grillé au barbecue, mais sinon, les accompagnements traditionnels sont des concombres, des œufs durs, des petits anchois grillés et des cacahuètes !

 

3) l’incontournable… sambal !! La purée d’épices pimentée qui est mangée avec à peu près tout et n’importe quoi en Malaisie. Il faut faire rissoler les oignons, et ajouter un mélange de piments, gingembre, curcuma, ail, citronnelle et autres, préalablement mixé et dilué avec un peu d’eau. Une tuerie !!!! Chaque commerçant y ajoute généralement son ingrédient ou dosage secret, et beaucoup de Malais choisissent leur cantine préférée basé sur le goût du sambal

 

4) Un mélange de légumes cuits dans du lait de coco (tellement doux !), que l’on déguste avec le nasi lemak et le sambal. L’aubergine en particulier est délicieuse…

 

5) le fameux Rendang, le plat élu « meilleur plat du monde » (comment ce titre peut-il être attribué objectivement ?) par la chaîne américaine CNN en 2017. C’est en fait une sauce qui accompagne un émincé de bœuf, de poulet, ou de poisson. Oignons, mélange d’épices, de gingembre, de citronnelle, de piments, d’un tas d’autres trucs, de noix de coco râpée, de sucre de canne, de coriandre… Le tout mijoté pendant un bon moment, ce qui nous permet de digérer. Ça arrache tellement c’est fort (même Chris le confirme), mais c’est à s’en relever la nuit tellement c’est bon !!!

 

A ce moment-là, on est vraiment très très (très) repus, et on se dit qu’il y a encore le dessert… Un petit dessert léger en plus : des beignets de banane. Mais qu’est-ce que c’était bon ! 😉

Même sans formation de chef, Khalid est d’une expertise à toute épreuve. On voit que c’est sa passion, et il nous la transmet extrêmement bien ! Il nous a fait cuisiner avec les 5 sens, tout en nous apprenant énormément de choses sur la culture de son pays… On a vraiment adoré l’expérience. Le cours, qui était censé se terminer vers 18h30, aura duré jusqu’à… 21h ! On n’a pas vu le temps passer et ce n’était pas plus mal, cela nous a permis de digérer les différents plats au fur et à mesure. 😉

On ressort de là le sourire aux lèvres et le bidon en avant. Penang n’est franchement pas une destination pour les adeptes du régime…

Nous voilà de retour à l’auberge pour une soirée tranquille. Chris continue à avancer le blog, tandis que je teste la connexion wifi qui n’a pas intérêt à lâcher ce soir : mon meilleur ami défend sa thèse publiquement et je ne voudrais surtout pas louper ça, même virtuellement !! 🙂

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