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Jours 240-241: Ceux qui baignent dans la tradition

Bajawa, Île de Florès, Indonésie.

Jour 240: samedi 29 juin 2019

Debout ! Une longue journée de déplacement nous attend, et vu la qualité des bus publics ici, mieux vaut être bien réveillé…

On déjeune sur la terrasse des éternels pancakes à la banane (on pourrait clairement faire un classement qui regrouperaient les p’tits-déjeuners de 90% des auberges depuis le début du voyage !). Allison s’est levée à 4h du mat’ pour le lever de soleil sur le Kelimutu, donc pas l’occasion de lui dire au revoir… Mais on la reverra probablement lors des prochaines étapes, car elle va aussi en direction de l’ouest !

Nos sacs sont prêts ; Robert nous prête un scooter pour nous déposer au bord de la route principale. Ici commence l’épreuve de la journée, et ce sera autrement plus compliqué que nos 2 premiers trajets… On a demandé à Robert les prix et les distances, car c’est toujours mieux d’avoir une idée du prix normal pour pouvoir négocier. Selon Robert, c’est 150k roupies s’il y a la clim’, 100k maximum si le bemo n’a pas de clim’. Très bien, dans les montagnes, pas besoin de la clim’, on va donc essayer d’avoir l’option la moins chère… Il nous a aussi dit que si on avait de la chance, on pouvait réussir à avoir un bemo direct pour Bajawa. Sans cette chance, il nous faudra changer à la ville d’Ende, à 1 heure et demie d’ici… Il faut savoir que Bajawa est à 180 kilomètres de Moni, et pour le coup, 180 kilomètres, ici, c’est vraiment vraiment très TRES loin !! Ça se voit d’ailleurs à la réaction des chauffeurs lorsqu’on arrête des minibus ou des camionnettes en demandant « Bajawa ? » : ils lèvent tous les yeux au ciel comme si on leur demandait d’aller sur la Lune, et répondent « Noooo ! Ende ! »

… On abandonne donc assez vite l’idée du bus direct : on a commencé à arrêter des véhicules à 9h30 et il est presque 10h ; or, on sait d’après Robert que les directs arrêtent de passer après 10h-10h30… Finalement, Chris réussit à négocier le prix du trajet jusqu’à Ende à 30k par personne. Tip top ! Le chauffeur ne s’embête pas à mettre nos sacs sur le toit (tant mieux car cette fois, le bemo n’a pas de ficelle pour les attacher), et comme le bus est assez plein, on s’entasse avec nos gros sacs sur un siège. On est légèrement coincés, mais cette première partie du trajet ne dure qu’une heure et demie, donc ça va !

On se serait par contre bien passés de la ménagerie qui voyage avec nous ; non pas parce que ça pue ou quoi que ce soit (les animaux sont étrangement tranquilles), mais parce que ça nous donne vraiment envie de pleurer de voir la manière dont ils sont traités. La dame devant moi tient 3 poulets la tête en bas accrochés à la ficelle par la patte (bien vivants les poulets, même si ce n’est probablement plus pour très longtemps !), et la dame derrière Chris a posé son porcelet ligoté aux pattes et au museau sur le sol du bus. Cela se passe de commentaire… 🙁

On arrive à Ende peu après midi. Grâce à Maps.me, on sait où l’on est, et on aurait dû s’en douter : la station de bus (si on peut appeler ça une station de bus) est vraiment à l’extérieur de la ville, de manière à ce que les passagers, et en particulier les touristes, soient complètement dépendants des mafieux qui gèrent leur trafic de bus. Un type nous propose un bus jusqu’à Bajawa qui est dans nos prix, mais le bus arrivera dans une demi-heure selon lui. On attend à l’ombre d’un arbre, mais je perds bientôt patience et plutôt que d’observer des chèvres hurler alors qu’elles se font hisser sans aucun ménagement sur le toit d’un bus, je préfère aller me renseigner par moi-même sur les possibilités de rejoindre Bajawa.

Sans l’anglais, ce n’est pas chose facile, mais je comprends que les bus pour Bajawa partent d’une autre station, à l’ouest de la ville d’Ende, et qu’il faut donc payer un transport entre les deux terminaux. Grrr, on commence à en avoir marre d’être dépendants de cette mafia… Au final, on arrête là la prise de renseignements, car le bus dont nous avait parlé le premier gars vient justement d’arriver. Coïncidence ou résultat du fait que je sois allée voir les prix ailleurs ? On ne le saura jamais. 😉

Un type fixe nos sacs sur le toit au milieu des sacs de riz (ouf, cette fois il y avait de la ficelle !), et on embarque. Le minibus est plein ; je me retrouve sur la première rangée, les jambes complètement repliées contre moi car il n’y a vraiment pas de place. C’est parti pour 4 heures de route… Du moins, ça c’est ce que l’on croit. Après 20 minutes, on arrive au centre de Ende et là, le chauffeur fait descendre tout le monde. Le coup de la panne ? Malgré mes protestations, l’un des gars qui s’occupait de fixer les bagages se met au volant, fait démarrer le bemo et… s’en va !! Avec nos bagages sur le toit !!! « THE BAAAAGS » je hurle, mais le chauffeur ne sait que me répondre « no problem, no problem ! »… Il s’avère que nous nous arrêtons apparemment pour manger. Ben oui il est passé midi, et le chauffeur a faim ! On tente de se rassurer en se disant que les autres passagers (uniquement des Florinais) ont aussi laissé leurs sacs dans le bus… mais on n’est pas très sereins quand même.

Trente minutes et un mie goreng froid plus tard, le bemo est de retour, nos sacs toujours sur le toit. Gros ouf de soulagement ! Tout le monde remonte à bord et on reprend la route… C’est long. Très long. Très très long. Virage à gauche, virage à droite, re-virage à gauche… Gloire à la petite fille assise à côté de moi, qui n’a pas vomi une seule fois de tout le trajet ! On se dit qu’entre les routes de montagne de Florès et les immenses routes droites de l’outback australien, on aura vraiment vécu les extrêmes…

Pas de ménagerie cette fois-ci (ouf), et le bus se vide petit à petit ; je peux donc passer sur un siège moins encombré. Olalah, qu’est-ce que c’est lent et long… On n’en peut vraiment plus ! Le soleil baisse à l’horizon. On n’est plus qu’à 10 kilomètres de Bajawa, quand on traverse un village très animé en raison d’un match de foot. Faut voir la gueule du terrain, il est tellement en pente, le jeu doit se dérouler exclusivement autour d’un seul but ! 😉 Forcément, le chauffeur s’arrête et discute avec la foule (il veut probablement savoir le score)… Je bous intérieurement, mais on finit quand même par avancer.

Il est 17h lorsqu’on arrive à notre auberge, soit plus de 7 heures après le début de notre épopée ce matin à Moni. Pour 180 kilomètres ! Une véritable catastrophe ces transports publics florinais… Enfin, on est arrivés et nos sacs aussi, c’est le plus important.

On est agréablement surpris par la qualité de notre auberge, la Cinnamon Guesthouse, que nous avaient recommandée Claire et Mégane. C’est ultra propre et bien tenu, avec une grande pièce commune, et un lit qui a l’air vraiment très confortable. 🙂

Autour d’un thé à la table commune, on rencontre Elisa et Karina, deux sœurs en vadrouille sur Florès pour leurs vacances. Elles font le chemin d’ouest en est, à l’inverse de nous, et elles ont miraculeusement trouvé des scooters pour un aller-simple vers Maumere ! On discute un moment, puis on décide d’aller manger tous ensemble au MaiBeth Café, à 2 pas de notre auberge. Les plats n’étaient pas mauvais, mais le service était un vrai sketch : il nous a fallu plus d’une heure et demie pour être servis, au cours de laquelle la serveuse est revenue à plusieurs reprises vers nous pour nous dire que « sorry, noodle finished… sorry, fried rice finished… sorry, banana finished… » Ce sera donc des chicken schnitzel pour tout le monde, ou presque ! Chris est le seul à recevoir son plat commandé à l’origine, une soupe de poisson très très piquante (même pour lui)… Heureusement, les musiciens sont là pour mettre l’ambiance ! 🙂

Jour 241: dimanche 30 juin 2019

Ce n’était pas qu’une impression : les lits sont vraiment super confortables dans cette auberge ! On a trop bien dormi…

Elisa et Karina se sont levées plus tôt que nous, et sont déjà prêtes à enfiler leur casque pour aller explorer les environs. On s’attable dans la salle commune pour le petit-déjeuner ; c’est l’occasion de faire la connaissance de Victorine et Julien, un couple de Français en voyage, eux aussi sur une longue durée. On rigole bien, et comme on a les mêmes envies pour la journée, on va la passer ensemble. 🙂

Départ vers 9h30, en direction du sud de Bajawa. La région est surtout connue pour ses villages traditionnels au pied du volcan Inerie, le plus haut sommet de Florès ! On s’arrête d’ailleurs plusieurs fois sur cette route vraiment magnifique qui serpente dans une forêt d’immenses bambous. Certains virages sont dégagés et offrent une vue imprenable sur l’imposant Inerie !

Les villages les plus visités sont Bena et Luba, facilement accessibles par route bétonnée. On a cependant lu sur TripAdvisor que c’était devenu avant tout des « décors touristiques » et que le côté traditionnel était un peu perdu ! On se décide donc plutôt pour Tololela, que l’on peut aussi visiter, mais un peu plus reculé. Quand on voit l’état de la route, on comprend vite pourquoi il n’est pas si visité que ça ! Au début, ça va : ça monte raide, mais la route est plus ou moins goudronnée. Après quelques virages par contre, c’est une autre histoire ! On finit à pied avec Victorine, tandis que Julien et Chris zig-zaguent entre les pierres et les nids de poule…

On arrive finalement devant un type qui gesticule pour nous faire comprendre de ne pas aller plus loin en scooter. Il est en train de bétonner la route et la dernière section est assez fraîche ; on ne voudrait pas gâcher son travail qui a dû lui prendre des plombes à réaliser ! On finit donc le reste de la montée à pied, ce qui nous prend 20 petites minutes. Arrivés au village, on s’attend à passer une « entrée » vu qu’on a lu qu’il fallait s’inscrire dans un registre, mais personne ne vient vers nous. On erre donc sur la place centrale avec une impression très bizarre : les quelques habitants assis sous le porche de leur maison nous regardent sans faire aucun geste de bienvenue, mais sans nous arrêter non plus, c’est très étrange !

Enfin, une dame vient vers nous pour nous amener vers le registre, où l’on inscrit notre nom et on paie la donation. Voyant les dates d’inscription dans le registre, on constate qu’effectivement, très peu de touristes passent par ici, ce qui explique peut-être l’absence d’accueil… On déambule encore un moment en observant la place du village, les toitures impressionnantes des maisons traditionnelles, ainsi que les collections de cornes de buffles et mâchoires d’animaux exposés devant les portes d’entrée. D’après leur nombre et les gravures, on arrive sans peine à déterminer quelle maison est celle du chef du village. 🙂 Les toits sont ornés tantôt de petites niches, tantôt de poupées, et l’on se demande ce que cela représente… On paierait bien pour un guide, mais personne ne semble parler anglais !

On finit par s’en aller… Visite un peu mitigée : chouette de voir de ces propres yeux un village traditionnel, mais étrange sentiment d’accueil ! Remarque, peut-être vaut-il mieux que cela reste comme ça… Retour aux scooters ; Chris et Julien bravent la « challenging road », tandis qu’avec Victorine, on fait quelques virages à pied.

Direction les sources d’eau chaudes dont nous avaient parlé Claire et Mégane ! On passe sur un pont, et on voit en contrebas la rivière qui fume tellement l’eau est chaude… Petit plat de nouilles au boui-boui proche de l’entrée, puis on décide de continuer notre discussion fort intéressante dans l’eau chaude. On ne se baigne pas dans la rivière qui fume, c’est trop chaud, mais un peu plus bas, en aval du croisement avec une autre rivière d’eau froide… Et là, franchement… C’est la grande classe !!!! L’eau est tempérée, juste comme il faut, les pierres créent des mini-cascades qui agissent comme des buses de centre thermal… On est tellement bien !! 🙂

On barbote un sacré moment ; les garçons vont même jusqu’au croisement des 2 rivières pour tester la température de la source chaude (verdict : c’est vraiment chaud. Sans blague, ça fume…), pendant qu’on papote pendant des heures avec Victorine, de vraies pipelettes ! 😉

Lorsque notre peau est vraiment très très fripée, on se décide à sortir. L’endroit s’est bien rempli, mais quasi uniquement de locaux ! On ne croise que 2 ou 3 touristes qui viennent comme nous profiter de l’endroit ; les locaux sont apparemment ici pour faire la lessive et se laver. 😉

En route ! On traverse à nouveau la forêt de bambou avec vue sur le volcan. Ça monte raide et en lacets ; il fait bien frais maintenant car on a fait un dénivelé de 1’000 mètres ! Cap sur la colline Wolobobo (si ce nom vous fait rire, sachez qu’il y a une autre colline dans la région, nommée Pipidodo…) Selon le gérant de notre auberge, la vue y est splendide pour observer le coucher de soleil ! On parvient à trouver l’endroit après avoir demandé plusieurs fois notre chemin. Surprise : on pensait être presque seuls, mais voilà qu’on découvre plein de voitures et de scooters ! On gare les nôtres, et on se dirige vers le point de vue… Stop, on nous demande de payer. Trois gars bloquent l’entrée et arborent un petit sourire arnaqueur : l’un nous demande 2’000 roupies, le deuxième 20’000 après intense réflexion… Ils se payent notre tête, c’est clairement improvisé !

Saoulés, on repart en arrière en se disant qu’on va aller observer le coucher de soleil ailleurs, lorsqu’une jeune fille m’attrape par le bras et nous demande pourquoi on part. On lui explique gentiment que ce n’est pas normal, touriste ou pas touriste, de devoir payer pour un point de vue… Elle disparaît en nous disant « Attendez une minute ! », et soudain, les 3 gars qui gardaient « l’entrée » nous font signe de passer en nous disant « free for you, free for you ! » Ben voyons…

Arrivés au point de vue, on ne regrette pas d’être venus : la vue est splendide, et la lumière de fin de journée éclaire l’imposant Inerie juste devant nous. On en prend plein les yeux !!

On est les seuls touristes occidentaux, et on s’aperçoit rapidement que c’est un endroit prisé des Indonésiens en vacances sur Florès. C’est le défilé des photos du coup : Chris, Julien et moi (Victorine a réussi à y échapper) devons poser devant une bonne dizaine de smartphones ; pleins de locaux demandent à avoir des selfies avec nous, c’est trop drôle !

Le soleil couché, on rentre au village de Bajawa et le temps de faire le plein d’essence, il fait nuit noire. On atteint le centre et on s’arrête manger une soupe de nouilles (encore !) au Credo Café. On a remarqué qu’à Florès, les habitants semblent manger moins de riz qu’à Bali ou Java par exemple ; ici, les nouilles et les bananes sont reines. 🙂

Retour à l’auberge Cinnamon… On partage un thé avec Elisa et Karina, qui viennent elles aussi de rentrer de leur journée d’exploration. La douche est froide, mais fait le plus grand bien après la chaleur du soleil et l’eau soufrée des sources chaudes. On s’endort comme des bébés dans notre lit douillet, non sans avoir profité du premier wifi depuis Maumere pour réserver notre prochaine auberge…

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